J'avoue ne pas avoir d'atomes particulièrement crochus avec le réalisateur Louis Malle. Cependant le film "Vanya, 42ème rue" est pour moi une surprise. Et pas de celles qui vous laissent déçu, pleurant toutes les larmes de votre corps de désespoir.

Inspiré de la pièce d'Anton Tchekhov, adapté par David Mamet, mis en scène par André Grégory et filmé par Louis Malle, le film "Vanya, 42ème rue" n'est en rien un film comme les autres. Le risque était pourtant là. Tous ces intermédiaires ne profilaient rien de bon. Ce film en devient d'autant plus méritant que le projet au départ était biaisé par ces contraintes.

Le film commence comme un documentaire. La caméra est fluide et montre le New-York du milieu des années 1990. Peu à peu des personnes sortent de ce macrocosme. Mais la manière de filmer ne change pas, le spectateur a donc l'impression que ces personnes sont le fruit du hasard.

On les remarque à peine. Le cadre se resserrent sur eux. Provenant de différents endroits parce que filmés comme tels, tous se retrouvent à un moment donné devant ce qui semble être un théâtre désaffecté.

On comprend qu'il s'agit là d'acteurs et semblent se préparer à la répétition d'une pièce. Le moment le plus beau du film arrive à ce moment-là. Le fait est que l'on va basculer sans s'en apercevoir du New-York des années 1990 à la Russie du siècle précédent. Au moment où l'on se dit:" tiens, c'est bizarre!", le coup de maître est déjà fait et on a basculé dans la pièce.

Comme dans un roman de Balzac, Louis Malle part du macrocosme vers le microcosme. Il part de l'élément le plus large, la ville de New York, réduit ensuite le champs de vision au théâtre, resserre le point de vue sur les acteurs et la scène, et finit sur les personnages principaux, ceux de la pièce de théâtre. Tout semble imbriqué comme des poupées gigognes.

Grâce à cette mise en abime, le réalisateur plonge le spectateur dans le vif du sujet.

Oncle Vania et sa nièce vivent, un peu reclus, dans la propriété familiale. Ils reçoivent Sérébriakov, un parent pour lequel Vania et Sonia ont sacrifié leur argent et leurs ambitions.

Les acteurs sont toujours justes et la mise en scène minimaliste semble confiner les "passions" comme dans un huit clos.

Un vrai coup de maître.

Vanya, 42 ème Rue - Louis Malle

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