Animation - Laguionie
Il y a quelques jours j'ai découvert ces petits films d'animation de Jean-françois Laguionie. Je suis tombée sous le charme...
UNE BOMBE PAR HASARD (9')
Dragon d'or au festival de Cracovie
Grand prix du festival de Mamaia
Un de mes courts-métrages préférés.
Le début du film se déroule comme dans un western (style de film que le réalisateur a toujours aimé!). On y voit un homme dans un décor nu, un corbeau picorant le sol, des volets qui claquent... il est seul dans la ville.
Plus tard, en contrepoint, on s'aperçoit que des tas de gens, plutôt bourgeois, sont assis et regardent avec une lunette longue portée ce qui se passe dans la ville déserte. On comprend qu'une bombe est sur le point d'exploser c'est la raison pour laquelle la ville a été abandonnée. Les gens réunis autour de la lunette (tout droit sortis d'un tableau de Seurat) voient cet homme et tentent de le dissuader de rester dans la ville pour cause de danger.
L'homme seul ne semble rien voir. Il vit sa vie, seul au monde, sort des meubles dans la rue, vole la statue de la Vénus de Milo du Musée et lui coupe la tête en passant à travers une porte. Enfin il peint un gigantesque arbre rouge sur les murs de la ville. Les bourgeois à l'opposé de la ville sont scandalisés mais n'osent rien faire à cause de la bombe. Alors le bonhomme continue, il joue énergiquement de l'orgue dans l'église pour finir en apothéose en lançant à tous vents des billets tout fraîchement sortis de la Banque. Cela en est trop pour les bourgeois qui arrivent aussitôt massacrer l'honteux personnage qui se permet de toucher à leur argent. Le bonhomme est chassé de la ville à grands coups de pied au derrière. On le voit s'éloigner le pas nonchalant jusqu'à ce que tout à coup un grand boum se produise signalant que la bombe a explosé. Il ne reste plus rien de la ville et des gens.
Formidable pamphlet contre la cupidité et la bourgeoisie.
PLAGE PRIVEE (13')
Seul court-métrage qui ne soit pas de l'animation mais tourné avec de véritables acteurs. J'ai beaucoup aimé. Des plans fixes, des trains. De la simplicité comme dans ces courts-métrages d'animation. Une histoire, finalement simple mais un peu surréaliste.
Travail sur le corps, me fait penser à Jacques Tati en particulier la scène sur la plage.
L'ACTEUR (5')
Tirée d'une histoire vraie. Jean-françois Laguionie a été frappé par l'histoire d'un acteur des années 30, Pierre Blanchard qui a toujours été vu comme un "jeune premier" même jusqu'à ses 70 ans. Il n'acceptait que des rôles jeunes pour satisfaire cette étiquette. C'est la raison pour laquelle il se maquillait de manière à ce que ses "fans" ne voit pas sa vieillesse.
Pourtant un jour vers la fin de sa vie, il accepta de jouer un homme âgé dans une pièce de théâtre. Ainsi il se maquillait en vieillard par-dessus son maquillage de "jeune premier". Ironie du sort qui veut que ce dernier masque révèle finalement son vrai visage. Jean-François Laguionie a remarquablement réussi, je trouve, à nous faire voir cette mise en abîme.
LE MASQUE DU DIABLE (12')
Prix du court-métrage au festival d'Avoriaz.
Encore et toujours un jeu sur les masques. Ce que l'on est censé être et ce que l'on montre aux autres. Regarder le film jusqu'à la fin, on est vraiment surpris ce qui montre que l'histoire est très bien menée.
LA TRAVERSEE DE L'ATLANTIQUE A LA RAME (21')
Palme d'or du court-métrage au festival de Cannes
Grand prix au festival d'ottawa
César 1978
Raconte l'histoire d'un couple qui part faire la traversée de l'Atlantique à la rame.
Alors que cette traversée devrait prendre, si elle était faite en réalité (mais qui n'a jamais été réalisé dans la vie vraie!) plusieurs mois, ici c'est la traversée d'une vie ce qui permet au réalisateur de jouer sur la vie du couple et surtout sur le temps et les âges. Le temps est marqué à la fois par le physique des personnages, par le temps du ciel, par le journal de bord mais aussi par les évènements qui se déroulent tout au long du voyage. Le couple part en 1907 et croise sur sa route le naufrage du Titanic (1912-1913). Il y a toujours beaucoup d'humour et surtout beaucoup de poésie dans ces films.
A voir et à revoir...